Avgi Nicolaou – 'Avant tout on s’amuse, puis on forme une communauté'

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Publié le 23-06-05

Avgi Nicolaou, entraîneuse reconnue installée au Royaume-Uni, est originaire d’une région surnommée Terre du milieu – et c’est sans doute la formatrice la plus itinérante qui soit.

À l’époque où elle a commencé à changer la vie des femmes en organisant et en donnant des cours de badminton, le mystère planait sur son parcours car elle avait moins de qualifications que n’importe quel entraîneur avant elle.

Elle n’avait jamais pratiqué ni enseigné ce sport, et pourtant elle a voulu faire les deux – dans une langue qui n’était pas la sienne et une ville, Bath, qu’elle connaissait à peine.

Mais cette mystérieuse voyageuse avait plus d’un atout dans sa manche. Pas de Hobbits sur l’île de Chypre où elle est née, mais elle possède deux des qualités emblématiques de ces célèbres personnages de fiction : une grande capacité d’écoute et un bon sens de l’observation. C’est ainsi qu’elle est devenue une personnalité multiculturelle, même dans la ville très traditionnelle où elle a élu domicile, qui mêle vestiges romains et splendides symboles de l’époque géorgienne.

L’abandon de son premier sport


Son aptitude à réfléchir dans plusieurs langues, qui lui vient peut-être aussi de ses origines – n’oublions pas que la Méditerranée relie 22 pays – a également joué un rôle crucial. La vie d’Avgi a été chamboulée lorsque son compagnon a trouvé un emploi à l’Université de Bath. Elle a décidé de le suivre, au prix de grands sacrifices. Elle a dû abandonner le bowling, son premier sport qui lui avait permis de remporter plusieurs compétitions internationales, et laisser derrière elle certains de ses trophées : ils ont été recyclés et distribués aux brillants élèves des écoles de Nicosie.

À son arrivée en Angleterre, ses seules activités sociales étaient celles organisées par le centre de loisirs local, et c’est là qu’elle a découvert puis adopté le badminton. Elle n’a pas trouvé ça facile du tout. Elle n’a pas enrichi son palmarès en remportant des tournois, mais ce sport élégamment difficile lui a offert un autre prix très précieux : le bonheur de ceux qui l’entourent. Elle a embelli la vie des gens en créant du lien entre eux et en les aidant à mieux se connaître.

Rien de tout cela n’aurait été possible sans sa personnalité passionnée, encourageante et accueillante. Depuis toujours, Avgi aime la compétition et elle aurait certainement pu intégrer un club fréquenté en majorité par des hommes – mais elle s’est fixé d’autres objectifs.

« Je voulais créer un club de badminton féminin, où les femmes pourraient jouer dans un cadre amical et stimulant », souligne-t-elle. « Je voulais que les femmes sortent de chez elles, s’amusent et prennent goût au badminton. Je voulais leur donner l’occasion d’intégrer un club en toute confiance et peut-être même les aider à découvrir leur esprit de compétition ».

Portée par toutes ces émotions, Avgi a décidé de fonder son propre club. Les débuts ont été de très bon augure. La fédération anglaise de badminton, Badminton England, s’était engagée à la soutenir financièrement si elle obtenait 12 inscriptions dans un délai de 12 semaines. Au bout d’à peine un mois, le club totalisait 42 membres !

« Nous n’avons pas toutes l’esprit de compétition »

Elle est parvenue à ce résultat en faisant de l’amitié la valeur fondamentale de son club, sans oublier l’inclusion, la musique et la conversation. Il n’a pas fallu attendre longtemps avant que la fédération lui accorde non seulement des moyens financiers mais aussi un prix en reconnaissance de son engagement bénévole. Avgi ne s’attendait pas à avoir autant de mal à contrôler les paraboles, les frappes tournoyées et la vitesse du volant. Mais elle s’est améliorée en jouant et en donnant des cours dans différents clubs.

« Au bout d’un moment, je me suis rendu compte que j’adorais ça », dit-elle, encore un peu surprise. « Il ne me manquait plus que la maîtrise des aspects techniques. Et au bout de trois ans mon entraîneuse m’a dit : “ Ça y est, tu y es arrivée ! ”»

« Je lui ai demandé si je pouvais m’impliquer davantage et elle m’a répondu : “ Pourquoi pas ? ” Elle m’a donné son feu vert ! ». Alors Avgi a accéléré. Au fil de ses progrès, elle a compris certaines choses : « Nous les femmes, nous sommes très spéciales d’une certaine manière, très sensibles. Nous avons besoin d’être entourées de personnes qui nous encouragent et nous comprennent. Nous n’avons pas toutes l’esprit de compétition. Nous voulons sortir, passer de bons moments entre amies, nous dépenser puis rentrer chez nous. Certaines d’entre nous ont un rapport différent au sport – c’est une activité communautaire, un loisir et, pour toutes les femmes, l’occasion d’envoyer un message à d’autres qui ne peuvent pas participer. Nous leur disons : “ Venez nous rendre visite et vous faire votre propre idée.” Avant tout on s’amuse, et puis on forme une communauté. Ce n’est pas un club axé sur la compétition. Et c’est dans ce même esprit que j’ai commencé mon propre parcours dans le monde du badminton ».

Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que Babolat s’intéresse à Avgi Nicolaou, pour ses cours de badminton mais aussi pour son engagement social. Sa vision et son caractère en ont fait une femme qui s’adapte à toutes les cultures et toutes les saisons, prête à relever tous les défis de la vie.

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